Aujourd’hui, les amis, je me révolte. Je m’insurge. Je m’indigne. Je me soulève. Je me rebelle.
Aujourd’hui, les amis, j’ai envie de dire merde à ceux qui chantent la vie, dansent la vie et qui ne sont qu’amour.
Aujourd’hui, les amis, je suis grave en colère contre la société de consommation, TF1 et La Ferme Célébrités en Afrique. J’en veux à la terre et surtout à ceux qui se roulent des pelles super bruyantes dans le TER. Ce n’est pas poli, ni même très classe.
J’en veux aussi à Kurt de s’être suicidé et à Rihanna de s’appeler Robyn.
J’en veux aussi à ces filles aux cheveux lisses et soyeux (la qualité professionnelle, sûrement) et au rasage de près (la perfection n’est pas qu’au masculin faut croire), qui me diraient que c’est normal si je n’ai pas le droit d’utiliser les WC pour Dâmes. Pour elles, c’est sûr, on a les WC que l’on mérite. Et avec mes cheveux trop courts pour boucler sous la pluie, mes jeans trop larges pour voir la marque de mon boxer en relief, mes chaussures à scratchs (qu’on dirait un enfant de 5 ans) et ma veste à carreaux, je ne mérite pas d’utiliser les WC pour Dâmes. Tant pis, je n’ai plus qu’à apprendre à faire pipi debout, maintenant. Au moins, je n’aurai plus à habiller la cuvette de 15 000 couches de papier toilette, c’est un gain de temps dans le fond.
Ma brave mère m’a dit qu’il fallait que je me maquille. C’est une solution envisageable en effet, si je veux ressembler à un zombie. Et puis, je ne suis même pas sûre que ça fonctionne vraiment. A l’époque de ma crise d’adolescence, j’avais les cheveux longs, très longs, jusque vers le milieu du dos je dirais (on a la crise d’ado qu’on mérite, j’ai envie de dire) et on me tendait déjà la main pour me dire bonjour.
Là, quand on m’a précisé que les toilettes dans lesquelles je pénétrais étaient pour Dâmes, j’ai dit, avec toute l’assurance qui me caractérise en temps de crise, « Mais je suis une fille » ; la Dâme –ou devrais-je plutôt dire la radasse vu l’état de ses cheveux et le maquillage de mauvaise qualité avec lequel elle s’enlaidissait avec passion- s’est confondue (je ne sais pas pourquoi, j’exagère toujours) en excuses. Je ne lui réponds pas et entre enfin dans l’antre de la solitude (ah, vous n’êtes pas seule vous quand vous allez aux WC ?!) je me promis qu’un jour j’arriverai à montrer mon bonnet M (j’avoue, elle était facile celle-là) à qui m’appellera Monsieur. Oui, j’ai toujours aimé la provocation de bas étages et inutile.
Croix de bois, croix de fer… de toute façon je finirai en enfer.